Marie Fouré et la mémoire de la ville : entre héroïsme, patrimoine et justice Au pied de l’église Saint-Jean-Baptiste, une statue blanche attire le regard. Elle représente Marie Fouré, figure emblématique de l’histoire péronnaise. En 1536, alors que la ville subit un siège mené par les troupes bourguignonnes, cette jeune femme se distingue par un acte de bravoure : elle participe activement à la défense de Péronne, incarnant la résistance de toute une population face à l’envahisseur. Son courage lui vaudra de traverser les siècles comme une héroïne locale.La statue que vous voyez aujourd’hui est la troisième version érigée en son honneur. Les deux premières, réalisées en bronze, furent réquisitionnées et fondues durant les deux guerres mondiales, tristes témoins des épreuves subies par la ville. Ces statues plus anciennes représentaient Marie Fouré sous une forme guerrière, prête au combat. Celle qui s’élève désormais, en pierre blanche et inaugurée dans les années 1990, offre une image plus apaisée. Elle exprime une volonté de réconciliation et rend hommage à une paix durable retrouvée, notamment dans le contexte d’un dialogue renouvelé avec l’Allemagne. En poursuivant votre découverte, laissez-vous guider vers la place du Commandant Louis Daudré, véritable écrin architectural. Ici, les façades Art Déco témoignent de l’effervescence architecturale du début du XXᵉ siècle. Vous pouvez en admirer quelques exemples remarquables aux numéros 22, 24, 26 et 27 de la place, mais aussi au 12 rue Saint-Jean, à l’Hôtel de la Poste (rue Georges Clémenceau) ou encore à la Caisse d’Épargne. Ces bâtiments illustrent la renaissance de Péronne après la Première Guerre mondiale, tout en apportant une touche de modernité.Mais Péronne ne renie pas ses racines. En observant avec attention les façades, vous découvrirez çà et là des éléments médiévaux intégrés à l’architecture, notamment sur la place. Ce dialogue entre tradition et modernité offre un aperçu fascinant de l’évolution urbaine de la ville au fil des siècles. Et puis, au cœur de cette même place, vous trouverez une grande pierre plate, étonnante par son nom et son histoire : la Pierre de la Guillotine. Aujourd’hui déplacée, elle rappelle un épisode marquant : en 1862, un échafaud y fut dressé pour l’exécution d’un homme reconnu coupable du meurtre du percepteur d’Estrées-Deniécourt. Ce fut la seule exécution connue sur cette pierre. Mais son passé ne s’arrête pas là : autrefois, elle servait à un maréchal-ferrant bien particulier, chargé de ferrer le cheval royal lors des visites du roi à Péronne.Entre héroïsme féminin, architecture d’exception et récits judiciaires, la ville dévoile peu à peu ses secrets. Une mémoire vivante, ancrée dans la pierre, prête à se révéler à ceux qui prennent le temps d’observer.