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Péronne, ville d'histoire

Vidéo réalisée dans le cadre de l’adhésion du PETR Cœur des Hauts-de-France à l’association des Espaces fortifiés

 


Péronne s'est développée avant les années 400 autour du Mont des Cygnes, aux limites de la butte Saint-Fursy, c'est-à-dire face à l'actuel tribunal. Ce dernier est construit sur la collégiale St Fursy où le roi Charles III fût enterré en 929. La ville de Péronne est riche d'une histoire ancienne et complexe. Voici un résumé des évènements historiques qui ont eu lieu dans notre commune depuis son rattachement à la couronne de France. 

 

1191-1192 : rattachement de Péronne à la Couronne de France - À la mort de Philippe d’Alsace (seigneur de Péronne), le roi Philippe Auguste écrit aux Péronnais depuis la Terre Sainte afin de demander leur fidélité. Les Péronnais prêtent serment au roi devant ses émissaires. C’est le début de l’accord : fidélité au roi et garde du château contre privilèges et charte de commune aux Péronnais.

1200 : partage de l’Artois par le Traité de Péronne - Dans le cadre de la guerre entre les rois capétiens et les Plantagenêts, Philippe Auguste trouve l’occasion de séparer le comte de Flandre, Baudoin IX, de son allié le roi d’Angleterre. La Flandre et la France signent la paix de Péronne et se partagent l’Artois (Arras et une bonne partie du Pas-de-Calais). La paix revient pour un temps au nord-ouest de l’Europe.
 
1204 : construction du donjon royal à Péronne - Un document de la Bibliothèque vaticane préciserait qu’en 1204, Philippe Auguste fit une dépense de 2000 livres pour l’édification à Péronne d’une grosse tour ou donjon (futur château), ouvrage puissant pouvant résister à des engins de siège. Cette construction matérialise la nouvelle tutelle royale sur la ville de Péronne.
 
1207 et 1209 : chartes confirmant la commune de Péronne - Cadre légal fixant l’élection et les pouvoirs de l’échevinage de Péronne.
 
1214 : rassemblement des troupes royales avant Bouvines - En juillet 1214, c’est à Péronne que le roi Philippe Auguste réunit l’armée royale avant de partir pour la célèbre bataille de Bouvines. Après la victoire des Français, l’un des chefs ennemis, Renaud de Dammartin, comte de Boulogne, est enfermé à Péronne. Il y restera prisonnier pendant six ans.
 
1256 : « Édit de Péronne », règlement de la succession de Flandre par Saint-Louis - Le roi Saint-Louis (Louis IX) vient à Péronne arbitrer la succession du Comté de Flandre : la Flandre est séparée du Hainaut afin de satisfaire aux exigences des quatre petits-fils de Baudoin IX (comte de Flandre, décédé). Saint-Louis affirme son autorité de souverain et ramène la paix dans la frontière nord du royaume.

1303 : Philippe le Bel réunit l’armée royale à Péronne - Le 9 septembre 1303, avant de partir attaquer la Flandre, Philippe le Bel réunit son armée à Péronne. Finalement le roi négocie et obtient que les Flamands lèvent le siège devant Tournai.
 
1356 : Charles le Mauvais, prisonnier à Péronne - Le roi de France Jean II enferme au château de Péronne son ennemi allié des Anglais, le roi de Navarre Charles le Mauvais.
 
1360 : les Péronnais prennent d’assaut le château - Les Péronnais s’attirent les foudres du roi de France Jean II. Par méprise, ils refusent l’accès de la ville à deux proches du roi, le comte d’Eu et le duc d’Orléans, qu’ils pensent alliés aux Anglais. Les habitants attaquent même le château où se trouve l’épouse du comte d’Eu (alors seigneur du château). Après cette erreur, le roi de France Jean II, dit Le Bon, fait raser le beffroi de la ville et supprime la charte de commune (tous deux rétablis par Charles V, fils de Jean II).
 
1369 : siège de Péronne par les Anglais - Violents affrontements sous les murs de la ville, dont les Anglais, commandés par Jean de Gand, duc de Lancastre, n’arrivent pas à s’emparer.
 
1415 : Les Anglais passent par Péronne avant Azincourt - Henri V et son armée passent par Péronne le 21 octobre 1415 après avoir franchi la Somme à Voyennes. Péronne est occupée par les chefs de l'armée française. Les Anglais poursuivent leur route jusqu’à Azincourt où les Français les rattrapent et les affrontent (lourde défaite française).
 
1418 : Péronne quitte le domaine royal pour entrer dans la maison de Bourgogne - Alors que le roi Charles VI est malade (fou), Philippe le Bon reçoit de son père Jean Sans Peur, Duc de Bourgogne, la seigneurie de Péronne. Les habitants protestent.
 
1468 : entrevue de Péronne entre Louis XI et Charles le Téméraire - Les armées de France et de Bourgogne se font face sur la Somme. Pendant que Louis XI et Charles le Téméraire négocient à Péronne, Louis XI soutient en sous-main une révolte des provinces belges bourguignonnes. Informé, Le Téméraire place Louis XI en résidence surveillée dans le château de Péronne (épisode raconté par Walter Scott dans Quentin Durward). Il oblige ensuite le roi à signer un traité qui abandonne notamment les villes de la Somme aux Bourguignons. Louis XI fera annuler ce traité dès 1470 et reprend Péronne en 1477.
 
1477 : Péronne revient dans le domaine royal - Après la mort de Charles le Téméraire, Louis XI revendique Péronne et les villes de la Somme pour la Couronne. Il s’empare de la Picardie et d’une partie des terres bourguignonnes. Dans des lettres de 1477 et 1480, le roi « pardonne » aux Péronnais leur soutien au duc de Bourgogne et les reconnaît « comme ses plus fidèles sujets ».
 
1536 : Péronne assiégée par armée de Charles Quint (31 jours de siège) - Sous les ordres du Prince d’Orange, Henri de Nassau, plusieurs milliers de soldats de Charles Quint tentent en vain de prendre Péronne. Ils ravagent les villages alentours. Nombreux sont les épisodes d’affrontements devant et sur les fortifications de la ville. Le château est l’un des points forts de la défense de la ville ; c’est là que se situe l’épisode Marie Fouré. La ville tient bon. En remerciement, François Ier anoblit les échevins et autorise le P couronné. Marie de Hongrie, la sœur de Charles Quint, reproche à Nassau de n’avoir pu s’emparer d’un simple colombier : « C'est vrai, madame, lui répond-il c'est un colombier ; mais les pigeons qui étaient dedans avaient becs et ongles ; les colombes, tant mâles que femelles, s'y défendaient comme des aigles ».
 
1576-1585 : Péronne, bastion catholique, s’engage pour la Ligue - En 1576, les Péronnais s’opposent à la décision du roi de France Henri III de placer une garnison protestante dans leur ville. Ils envahissent le château, en détruisent une partie, et occupent les remparts. Le 5 juin, la noblesse de l’arrondissement signe à l’hôtel de ville un premier texte qui lancera la Sainte Ligue en Picardie. Henri III fait marche arrière et dispense Péronne de toute garnison. Le 13 février 1577, l’échevinage signe lui aussi le texte proclamant la foi catholique comme la seule véritable foi. Après la mort du frère du roi en 1585, c’est à Péronne que le prétendant au trône de la Ligue, le Cardinal de Bourbon, vient se réfugier.
 
1589 : mort du roi Henri III, refus de reconnaître l’autorité d’Henri de Navarre - Bastion catholique, « Péronne la dévôte » refuse de reconnaître Henri de Navarre comme nouveau roi. La ville n’ouvrira ses portes à Henri IV qu’en août 1594, après que le roi se soit converti et ait confirmé la seule foi catholique à Péronne (lettre de juin 1594).
 
1596 : Péronne assiégée par les Espagnols - Une armée espagnole commandée par le Comte de Fuentès ravage la Picardie (massacre à Doullens). La ville de Péronne, commandée par le Duc de Nevers, est assiégée cinq jours par les Espagnols sans qu’il n'y ait de combats, avant que l’ennemi se replie sur Cambrai qui sera prise.

1616 : révolte des Péronnais contre Concino Concini - Pendant la minorité de Louis XIII, les Péronnais refusent la tutelle de Concino Concini, favori de la reine mère et gouverneur de la ville à partir de 1611. Les tensions atteignent leur paroxysme en 1616 : barricades dans la ville et siège du château. Le roi Louis XIII accorde son pardon à la ville après la mort de Concini.
 
1636 : nouveau siège de Péronne par les Espagnols - Un siècle après le siège de 1536, une armée espagnole commandée par le Comte Jean de Wert, mercenaire allemand, campe à Mont-Saint-Quentin et harcèle la ville tout en ravageant les communes proches de la Somme. Les Espagnols prennent Bray et Corbie.
 
1641 : traité de Péronne Monaco / Couronne de France - Dans le cadre de la Guerre de Trente ans et de la rivalité franco-espagnole en Europe, Louis XIII accompagné de Richelieu, et Honoré II de Grimaldi, négocient à Péronne le traité par lequel la principauté de Monaco est rattachée pour la première fois à la France le 14 septembre. L’armée française chasse les Espagnols de Monaco. En représailles l’Espagne confisque les terres monégasques en Italie.
 
1654 : siège d’Arras, Louis XIV s’installe à Péronne - Arrivé le 13 août, le roi réside presque trois semaines à Péronne d’où il suit la libération d’Arras par Turenne. Arras est alors assiégée par les Impériaux et le Prince de Condé.
 
1655 : échec d’un complot pour livrer Péronne à Condé et aux Espagnols - En 1655, les bourgeois de Péronne font échouer une tentative de leur gouverneur, Charles de Monchy, pour livrer la ville à Condé, ennemi du roi et allié des Espagnols. Un an plus tard apparaît pour la première fois la devise Urbs Nescia Vinci sur des jetons frappés par la monnaie de Paris sur ordre de Louis XIV pour remercier les Péronnais de leur fidélité.
 
1815 : Péronne attaquée par les Anglais - Dans sa marche vers Paris, l’armée anglaise, décidée à remettre Louis XVIII sur le trône, passe par Péronne. Fin juin, après un rapide bombardement sous les yeux de Wellington qui observe depuis Mont-Saint-Quentin (Wellington manque d’être tué par un boulet parti des remparts de Péronne), la ville capitule mais, la garnison française sort avec ses armes. Louis XVIII et le Tsar traverseront Péronne quelques jours plus tard.
 
1870-1871 : 13 jours de siège - Après la perte d’Amiens en novembre 1870 et la bataille de l’Hallue en décembre, les forces françaises commandées par Faidherbe se retirent sur les places fortes du Nord : Péronne est le dernier verrou français sur la Somme. C’est aussi un maillon important de la ligne ferroviaire Reims-Amiens. Dès le 28 décembre, les Prussiens assiègent la ville dirigée par un officier du génie, le Commandant Garnier. La ville connaît un bombardement intense pendant 13 jours. En l’absence de secours extérieur, par trois fois les habitants réclament par écrit au Commandant Garnier la reddition de la ville. Ils envahissent le 9 janvier la cour du château pour faire pression sur le Conseil de défense qui doit décider de l’avenir de la ville. Après l’arrivée de nouvelles pièces d’artillerie prussiennes et sans nouvelles de Faidherbe, la capitulation est votée au château sous les cris de colère de la foule. Péronne se rend le 9 janvier 1871 à 23h00. Péronne restera occupée jusqu’en juillet 1871. Faidherbe traîne Garnier devant le Conseil de guerre pour avoir livré la ville sans avoir repoussé un seul assaut ni subit de travaux de siège. Pour Faidherbe, où va le monde « (…) si les commandants de place doivent se rendre par humanité ». Il recommande aux Péronnais de rayer leur devise Urbs Nescia Vinci de leurs armoiries ! Garnier passe en jugement en mai 1872. Il est blâmé, son courage et ses aptitudes mis en doute : sa carrière est brisée. Mais il échappe à la peine capitale demandée par Faidherbe car on apprend alors que les Prussiens devaient se retirer de Péronne en cas d’attaque de Faidherbe, ce qu’il ne fit jamais. Ce qui renforcera le sentiment péronnais d’avoir été abandonné. Il n’y a toujours aucune rue ou avenue Faidherbe à Péronne.
 
12 juillet 1914 : Péronne reçoit la Légion d’honneur - En souvenir des sièges de 1536, 1636 et 1870, et dans un souci d’union nationale, le Président Raymond Poincaré vient à Péronne lui remettre la Légion d’Honneur : « En lui conférant cette prérogative exceptionnelle, le Gouvernement a voulu honorer les longues traditions de courage et de sacrifice qu’elle a reçues du passé et qu’elle se fait gloire de maintenir.(…) En apportant ces insignes à la Ville de Péronne, je lui offre, au nom de la France, un sincère témoignage de reconnaissance et d’admiration ».
 
1914-1918 : Péronne dans la Grande Guerre - La ville est occupée dès le 28 août 1914, libérée par les Anglais le 18 mars 1917, reprise par les Allemands le 23 mars 1918, et définitivement libérée par les Australiens le 1er septembre 1918.
 
1940-1944 : Péronne dans la Deuxième Guerre mondiale - Bombardée le 17 mai 1940, Péronne est l’une des six têtes de pont allemandes sur la Somme. La ville est occupée à partir de juin 1940, jusqu’au 1er septembre 1944 où elle est libérée par les troupes américaines.

Face à la Porte de Bretagne, votre regard ne peut manquer le blason qui la surplombe. Les motifs qui le composent - un P gothique finement ciselé entouré de trois fleurs de lys - reposent sur un fond de stries horizontales qui rappellent subtilement la couleur bleue. Deux chiens Barbets, symboles de fidélité à la couronne de France, tiennent l'écu.

Au sommet de ce dernier, une fortification imposante émerge, couronnée de quatre tours majestueuses. C'est au sommet de cette forteresse que se profile une jeune fille, une Pucelle : une subtile référence au surnom de la ville, « Péronne la Pucelle ».

Dominant cet ensemble, une banderole s'élève, arborant fièrement la devise emblématique : « URBS NESCIA VINCI », signifiant « Ville jamais Vaincue ». C'est un rappel audacieux de la résilience et de la détermination qui ont toujours animé Péronne, quelles que soient les épreuves rencontrées.

Sous le blason, vous découvrez des épis de blé et des roseaux à massettes, témoins de la richesse de la ville.

Située dans la branche droite du transept de l'Église Saint Jean-Baptiste, une peinture murale intrigue les visiteurs.

Sur ce triptyque ouvert, réalisé en 1601 à la demande et aux frais de Jehan Roussel, conseiller du Roi, il est possible d'y observer un mourant tiraillé entre des démons et des clercs lui montrant la voie du Salut. La Vierge Marie, entourée de Saints, est prête à intercéder en faveur du mourant.

Le thème de la Bonne Mort est très rarement représenté en peinture et est typique de la Contre Réforme. Actuellement, nous comptons seulement une dizaine d'autres peintures de ce type en Europe ! La fresque de l'église de Péronne est la plus ancienne, la seule de cette dimension et la seule à représenter ses commanditaires. Malgré les dégâts engendrés par les différentes guerres, la fresque n'a subit que les outrages du temps. Elle a été restaurée en 2013.