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L’Église Saint-Jean-Baptiste

L’église Saint-Jean-Baptiste : une survivante au cœur de la mémoire péronnaise

 

L'église Saint Jean Baptiste est l’un des derniers grands témoins spirituels et architecturaux du centre ancien de Péronne : l’église Saint-Jean-Baptiste. Elle incarne à elle seule des siècles de foi, de luttes et de reconstructions, dans une ville autrefois richement parsemée de clochers et de sanctuaires.

Autrefois, Péronne comptait plusieurs édifices religieux majeurs : les collégiales Saint-Léger et Saint-Fursy, ainsi que les églises de Saint-Quentin Capelle, Saint-Quentin-en-l’Eau, Saint-Sauveur ou encore Notre-Dame-de-Bretagne. Toutes ont disparu. L’église Saint-Jean-Baptiste, seule rescapée, porte en elle la mémoire de ces lieux effacés.


Une histoire millénaire

L’histoire commence ici dès 1101, avec l’existence d’une chapelle primitive dédiée à Saint Marcoul, invoqué comme guérisseur des écrouelles. C’est sur ses fondations qu’en 1509 s’élève peu à peu l’église actuelle, de style gothique flamboyant, qui sera consacrée en 1525. Le clocher, quant à lui, est achevé en 1540. Fait rare : l’édifice échappe aux destructions du siège de 1536, conservant ainsi sa structure originelle.

Lorsque le beffroi de Péronne menace de s’effondrer en 1845, ses cloches, dont la célèbre Bancloque datant de 1398, sont transférées dans l’église. La Bancloque jouait un rôle tout particulier dans la vie judiciaire locale : à chaque délit déclaré, elle sonnait, et le coupable était tenu de se présenter dans les trois jours à la mairie. Elle retentissait ensuite trois fois pendant le jugement, marquant ainsi le poids du châtiment.


Ravagée, puis reconstruite… deux fois

Mais l’église ne sera pas épargnée par les conflits modernes. Entre 1870 et 1871, lors du siège prussien, l’édifice subit de lourdes dégradations : voûtes éventrées, vitraux détruits, cloches fondues, horloge perdue dans les flammes. Restaurée par la suite, elle connaît un nouveau drame pendant la Première Guerre mondiale. Utilisée comme refuge par la population, elle est frappée par un bombardement le 7 juillet 1916. À la libération de la ville en 1917, il ne reste presque rien : la toiture a disparu, la tour s’est effondrée, seules les façades tiennent encore.

Un seul espace est miraculeusement épargné : la chapelle sud, où subsiste une fresque datée de 1601 intitulée La Bonne Mort. On y distingue encore les donateurs, Jean Roussel et Jacqueline Aubé, représentés en prière.

Grâce à la détermination des habitants et des autorités, l’église est reconstruite entre 1927 et 1932, puis rouverte au culte le 10 juillet 1932. Elle devient le symbole de la résilience de la ville, de sa foi et de son attachement au patrimoine.


Une façade sculptée, riche de sens

En levant les yeux vers le porche principal, vous découvrirez un ensemble sculpté d’une grande richesse symbolique. Au centre, l’Archange Michel, protecteur de Péronne, terrasse le dragon sous ses pieds : une image puissante du triomphe du bien sur le mal. À ses côtés, Saint Jean-Baptiste, patron de l’église, et une niche vide, celle qui devait accueillir la statue de Saint Fursy, jamais restaurée.

De part et d’autre du portail :

  • Saint Pierre, à droite, tient les clés du Royaume des cieux.

  • Saint Paul, à gauche, brandit le glaive, symbole de son martyre.

Plus haut encore, les niches latérales abritent :

  • Saint Joseph et l’Enfant Jésus au-dessus du portail gauche

  • La Vierge Marie et son fils au-dessus du portail droite

Tout à droite, Sainte Radegonde, figure royale et religieuse, ferme cette procession sculptée, discrète mais significative.

 

Prenez le temps de contempler ces statues silencieuses, gardiennes de pierre qui ont vu défiler les siècles, les guerres, les renaissances, et qui veillent encore sur la ville et ceux qui la traversent.