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Le Marin Delpas : un hommage à la bravoure d’un jeune fusilier-marin

 

À proximité du centre de Péronne, un monument discret mais chargé d’émotion perpétue le souvenir d’un jeune homme tombé pour la France : Jean Delpas, fusilier-marin originaire du Tarn, mort à l’âge de 21 ans lors du siège de Péronne en décembre 1870.

Nous sommes en pleine guerre franco-prussienne. La ville, assiégée, résiste tant bien que mal à l’avancée ennemie. Dans cette défense acharnée, Jean Delpas, soldat de la 3e compagnie du 1er bataillon de fusiliers-marins de Brest, occupe une position clé au pied d’une pièce d’artillerie. Le feu adverse est intense. Le 28 décembre 1870, il est mortellement blessé à son poste et succombe à ses blessures peu après.


Marqués par le courage et le dévouement de leur camarade, ses compagnons d’armes choisissent de l’inhumer sur le lieu même de sa chute. Un acte fort, témoignant du respect et de l’attachement de ces soldats envers l’un des leurs.

Plusieurs années passent. En 1895, sa tombe est restaurée. Puis, le 19 juillet 1909, la ville inaugure un monument : une réplique d’une œuvre du sculpteur Aristide Croisy, représentant un marin debout, fusil à la main, dans une posture fière et digne. Des statues similaires sont alors érigées dans plusieurs villes de France, notamment Le Mans, Berck et Quimper.


Mais la Grande Guerre n’épargne pas les symboles : la statue de Jean Delpas est démontée et emportée par l’occupant allemand. Le piédestal demeure vide pendant de longues années, jusqu’à ce que la ville décide, en 1933, de lui redonner un visage.

Le 11 juin 1933, une nouvelle statue, cette fois réalisée par le sculpteur Albert Roze, est inaugurée. Le ton a changé : Jean Delpas n’est plus représenté debout, mais à genoux, blessé, s’appuyant sur son canon – affectueusement surnommé le Fanny. C’est une figure de douleur et de dignité, loin de la posture héroïque classique. Ce soldat, dans ses derniers instants, semble à la fois lutter et se résigner. Il symbolise le sacrifice silencieux de ceux qui sont tombés, loin de chez eux, pour défendre la liberté.

 

Aujourd’hui encore, le monument à Jean Delpas incarne la mémoire d’un acte de bravoure et rappelle, dans sa sobriété, la part d’humanité et de souffrance que porte toute guerre.